De plus en plus friands des applis consommateurs
Les applis consommateurs feront-elles la pluie et le beau temps ? Ou le consommateur s’en lassera-t-il ? Quoi qu’il en soit, ce mouvement est à suivre de près.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Une qualité des produits jugée excellente pour la santé à 40 %, bonne à 30 %, médiocre à 30 %, avec l’appli consommateurs Yuka. 100 % conforme aux critères Planète, 50 % aux critères Santé et 100 % aux critères Société avec myLabel. Et aucune substance controversée pour « Y’a quoi dedans ? » de Système U. Voilà un bilan d’achats alimentaires après quelques tours dans les rayons. Auquel on peut ajouter Foodvisor, qui entre en fonction une fois l’assiette remplie.
L’univers des applications consommateurs dans le domaine de l’alimentation s’est fortement étoffé avec Kwalito, lancée en 2015, Foodvisor en 2016, ScanUp, Scan Eat et Yuka en 2017, Y’a quoi dedans ? en 2018 et myLabel en 2019. Quant à Open Food Facts, elle alimente une base de données collaborative gérée par l’association éponyme créée en 2012.
Exclure certaines substances
Cette base nourrit la plupart des applis sur le marché avec ses 891 031 produits renseignés par les scans des consommateurs au 19 juin. On y trouve plus d’informations que sur les emballages. Ainsi, depuis un accord avec Santé publique France, le Nutri-Score (lire p. 56) est disponible pour quasiment tous les produits de la base, même sans logo sur l’emballage. D’aucuns affirment toutefois que cette base est truffée d’erreurs. Avis non partagé par Thierry Desouches, responsable relations extérieures chez Système U. « Nous n’avons pas noté d’erreurs sur 20 000 références. » Leur appli « Y’a quoi dedans ? », qui s’appuie sur cette base de données, introduit la notion de substances controversées, point sensible travaillé depuis dix ans sur leurs MDD. Un paramétrage permet d’exclure des recherches les produits en contenant. « Nous en avons listées 80. Nous avons reformulé 6 000 références pour les supprimer. » Parmi ces substances, les insecticides de stockage, pour lesquels cependant aucune correspondance n’est faite à ce jour avec un produit. D’autres préférences alimentaires sont accessibles, telle que la dénomination « issu de l’agriculture biologique ».
participer à cocréer des produits
Cette appli est conçue pour rester surtout informative. Elle ne juge pas les produits, soit par un algorithme propre comme chez Yuka et myLabel, soit en affichant le Nutri-Score ou autre notation comme chez Scan Eat ou ScanUp. Cette dernière privilégie Siga, qui évalue le niveau de transformation des ingrédients, et explique bien les écarts de jugement entre cette notation et Nutri-Score, qu’elle affiche également. Pour se démarquer, elle propose de tester des produits ou de participer à en cocréer avec des start-up. De son côté, Scan Eat invite à choisir ses produits selon le type de label, la note Nutri-Score ou la présence d’allergènes.
Chaque appli cherche en fait à se donner des fonctions particulières. Celles offertes par Yuka semblent trouver écho, puisque cette appli connaît un développement fulgurant avec 10 millions d’utilisateurs inscrits, dont 4,5 millions actifs/mois (au moins une connexion/mois) et 2 millions actifs/semaine.
Le crédit donné aux labels
Son fil rouge : évaluer l’impact des produits sur la santé par un système de notation en quatre mots et couleurs, du vert au rouge : excellent, bon, médiocre et mauvais. La note est construite pour 60 % sur la base du Nutri-Score, pour 30 % selon le niveau de risque en additifs et 10 % sur la dimension bio du produit. La question des pesticides n’est pas directement abordée : « Nous n’avons pas de labo pour contrôler les résidus », précise Ophélie Bierschwale, associée Yuka. D’où le bonus accordé au bio. À l’avenir, il est question d’introduire d’autres labels et un indice de transformation.
Si Yuka s’en tient à analyser le lien entre nutrition et santé, l’appli myLabel a pris le parti de s’intéresser, outre la santé, aux critères environnementaux et sociétaux. Le consommateur paramètre ses valeurs, afin de pouvoir acheter les denrées les respectant, parmi de nombreux critères dont les pesticides, les OGM, les perturbateurs endocriniens, les antibiotiques, la juste rémunération des agriculteurs, etc.
Les pesticides, premier critère de sélection
Si le produit scanné est hors course, des alternatives sont proposées. Outre la base Open Food Facts, myLabel travaille avec des ONG, 60 Millions de consommateurs et peut-être, bientôt, l’Ademe et avec les cahiers des charges, pour étoffer et valider ses informations. 7 000 utilisateurs aujourd’hui et « nous comptons atteindre les 100 000 en fin d’année », annonce Christophe Hurbin, cofondateur, qui envisage de proposer aux fabricants des tableaux de bord sur leurs produits ou autres analyses sur la sélection des critères. À ce jour, en santé, les pesticides sont le premier critère sélectionné. Et en société, ce sont le bien-être animal et la juste rémunération des agriculteurs.
Ces applis conso ne sont pas si anodines que cela. Leur développement est à suivre tout en s’assurant de la fiabilité des informations. Elles pousseraient à se demander comment être dans le panier gagnant.
Hélène Laurandel
Pour accéder à l'ensembles nos offres :